La renaissance d’un lieu culturel & joyau d’architecture moderniste au centre-ville : le théâtre des Variétés
La Région bruxelloise octroie le permis d’urbanisme pour la transformation et la reconstruction partielle du bâtiment de l'Ancien Théâtre des Variétés, joyau moderniste classé des architectes Victor Bourgeois et Maurice Gridaine au centre-ville.
Pascal Smet, Secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme et au Patrimoine annonce la délivrance par l’administration régionale Urban.brussels du permis d’urbanisme pour la transformation et la reconstruction partielle du bâtiment de l'Ancien Théâtre des Variétés situé au centre-ville, rue de Malines 25 et rue Saint-Pierre 43-45, en vue de la création d’un espace dédié à la culture, aux arts et à la participation citoyenne et démocratique. Ce projet, conçu et projeté par les bureaux d’architecture espagnol Flores & Prats et bruxellois OUEST, prévoit la réalisation d’une grande salle de spectacle (999 personnes), une petite salle de spectacle (405 personnes), des bureaux et des locaux techniques pour les équipes, un grand forum public et un bar. Objectif des architectes : développer un pôle culturel où art, culture, vie de quartier se rencontrent et valoriser l’héritage moderniste.
« La renaissance du théâtre des Variétés, joyau moderniste des architectes Victor Bourgeois et Maurice Gridaine, marque une nouvelle étape de la redynamisation du centre-ville et de la zone Rogier. Abandonnées et longtemps considérées comme une zone malfamée, ces ruelles du centre-ville coincées entre les Boulevards Adolphe Max et Émile Jacqmain sont en cours de réaménagement complet dans le cadre de l’embellissement et apaisement du centre-ville. La réouverture de ce site historique créera sans conteste une nouvelle destination culturelle et artistique pour les habitants et passants qui pourront se réapproprier pleinement le quartier. Je salue par ailleurs le travail des architectes qui opèrent une transformation respectueuse de ce site classé d’après-guerre et qui visent à valoriser ce patrimoine encore trop méconnu et souvent déprécié par les Bruxellois. Ce beau projet démontre qu’il est possible de réhabiliter cette architecture moderniste, lui insuffler une nouvelle vie et le valoriser pour mieux l’inscrire dans le présent et le transmettre aux générations futures. » déclare Pascal Smet, Secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme et au Patrimoine.
Un nouveau lieu culturel et de spectacle ouvert au quartier :
Concrètement, le projet porte sur deux sites et parcelles situés rues de Malines et Saint-Pierre qui comprennent le théâtre des variétés (ayant des entrées, accès et façades sur les deux rues) et la parcelle voisine, rue Saint-Pierre n°43 non construite, propriété de la Ville de Bruxelles. L’emprise totale au sol du projet est de 1 269 m2. Le projet entend conserver au maximum les qualités patrimoniales existantes du site, en ce compris la façade rue de Malines, qui est classée, mais aussi toute une série d’éléments ou références qui existaient dans le bâtiment d’origine, et qui sont réinterprétées dans le cadre du projet. Le programme vise à accueillir une grande salle de spectacle (jauge maximale 999 personnes), destinée davantage aux concerts et arts de la scène et une autre, plus petite (jauge maximale 405 personnes), qui sera plutôt dévolue à des projections, débats, expositions. Le parti pris par les architectes est d’installer ces deux nouvelles salles autour et non pas dans les espaces existants, en installant ces salles autour du café BAGDAD et de l’ancienne scène. L’apport de la lumière naturelle, l’ouverture, la déambulation et la création d’espaces dotés de gradins caractérisent les espaces intérieurs.
Le projet architectural intègre également la connexion depuis le rez-de-chaussée des deux rues de Malines et Saint-Pierre, à travers le bâtiment créant ainsi un raccourci tant visuel que physique. Cette rue intérieure, qui mène au forum, aux gradins et à la scène d’origine rénovée permettra d’attirer les visiteurs au cœur du site et d’éviter des nuisances dans la rue en cas de rassemblements trop importants du public lors de certains événements.
Étant donné l’implantation urbaine du projet, accolé à des logements, un hôtel, des voisins, une attention spécifique a été prise pour veiller à une bonne isolation et protection acoustique des activités vis-à-vis de tout le quartier. Cet enjeu est pris en compte en créant d’une part des espaces tampons en intérieur via le principe de rue intérieure et la création d’un grand foyer au cœur du bâtiment et d’autre part, en optimisant les conditions acoustiques via le principe de « boîte dans la boîte » qui vise à limiter strictement la propagation des sons.
Au-delà des questions patrimoniales, le projet entend réutiliser un maximum les éléments existants, dans une logique de circularité, de bon sens, d’économie et de durabilité. Etant donné l’état de dégradation avancé du bâtiment, le réemploi sera étudié de sorte à pouvoir conserver un maximum de matériaux et structures tant intérieures qu’au niveau des façades, notamment celle sur la rue Saint-Pierre qui n’est pas classée, mais qui présente d’indéniables qualités architecturales pouvant être intégrées dans la nouvelle façade.
Bref historique :
Pour rappel, le théâtre des Variétés est une salle de spectacles, music-hall et cinéma commandée en 1937 aux architectes Victor Bourgeois, célèbre architecte moderniste belge et Maurice Gridaine. A son inauguration, le lieu est à la fois salle de concert, théâtre de Variétés, music-hall2 et cinéma, d’où son nom. Il est doté́ d’équipements voulus comme ultramodernes : scène tournante de 12 mètres de diamètre, plateau motorisé avec élévateur au lieu d’une fosse d’orchestre, toit ouvrant de 200m2 sous un lanterneau en damier, climatisation performante et écran magnoscopique.
C’est aussi la première salle au monde à être entièrement éclairée au néon, avec des effets de rose, bleu et vert tendre. Elle comptait à son ouverture environ 2 400 places avec un balcon et un café au premier étage, le Bagdad. Tout l’édifice est en béton armé et la quasi-totalité de l’espace est consacré́ à la salle elle-même, les autres locaux sont ingénieusement répartis dans les espaces résiduels. Mais le plus impressionnant au Variétés, c’est son étonnante façade moderniste avec son large mur aveugle, sa grande vitrine au premier étage et sa tour-signal vitrée, parfaitement intégrée à l’alignement de la rue de Malines, dont les lumières faisaient grand effet dans la nuit et attiraient le passant du boulevard Adolphe Max.
Le bâtiment est définitivement fermé le 16 février 1983 sur ordre des pompiers, en raison d’un risque d’effondrements du toit. Le Variétés a alors été abandonné - ou presque - pendant près de 30 ans. A l’initiative de la Ville de Bruxelles, la façade principale, la toiture et la salle de spectacle ont été classées comme monument le 16 juin 2003 en raison de leur intérêt historique et esthétique.
Alessio Papagni